Alors que se joue à Alep, deuxième ville de Syrie, une bataille décisive entre les opposants et le régime contesté de Bachar al-Assad, leparisien.fr revient sur ce conflit déjà vieux de 17 mois, et responsable, de source humanitaire, de la mort de près de 19.000 personnes. Voici donc une carte interactive qui permet, d'un clic ou d'un coup d'oeil, de faire le point sur la guerre civile.Une carte historique, qui revient sur les évènements marquants survenus depuis les premières manifestations de mars.Une carte actualisée, qui fait régulièrement le point sur les sièges et batailles dans les principales villes du pays, ainsi qu'aux postes-frontières les plus disputés.Une carte diplomatique enfin, qui décrypte les positions diplomatiques des grandes puissances mondiales, des pays frontaliers, et les intitiatives de l'ONU, de l'UE et de la Ligue arabe...Crédits Logos : http://mapicons.nicolasmollet.com/Creative Commons 3.0 BY-SAAuthor : Nicolas Mollet
0: Les alliés de la rebellion Ver detalle |
1: Les alliés du régime Assad Ver detalle |
2: La France en première ligne contre Assad Ver detalle |
3: La fermeté des Etats-Unis Ver detalle |
4: Cameron, partisan du départ Ver detalle |
5: La Russie, un allié interessé Ver detalle |
6: La Chine et le refus de l'ingérence Ver detalle |
7: L'axe Téhéran-Damas Ver detalle |
8: Les craintes d’Israël Ver detalle |
9: Le Liban doit supporter l'exode Ver detalle |
10: La Turquie sur ses gardes Ver detalle |
11: L'Irak, voisin ambigu Ver detalle |
12: Tensions en Jordanie Ver detalle |
13: Hama, ville martyre Ver detalle |
14: Homs, bastion de la contestation Ver detalle |
15: La bataille de Damas Ver detalle |
16: Deraa, l'étincelle Ver detalle |
17: Alep, la bataille décisive Ver detalle |
18: Hamza al-Khatib, le martyr Ver detalle |
19: La mort de journalistes français à Homs Ver detalle |
20: Massacre à Houla Ver detalle |
21: Massacre à al-Koubeir Ver detalle |
22: L'avion de la discorde Ver detalle |
23: Massacre à Treimsa Ver detalle |
24: Premier jour du ramadan meurtrier Ver detalle |
25: L'ONU prisonnière de ses divisions Ver detalle |
26: L'UE et ses 17 "trains de sanctions" Ver detalle |
27: La Ligue arabe croit en une issue pacifique Ver detalle |
28: Bachar al-Assad Ver detalle |
29: L'opposition syrienne Ver detalle |
30: La menace des armes chimiques Ver detalle |
31: Poste-frontière d'Al Boukamal Ver detalle |
32: Poste-frontière d'Al-Salama Ver detalle |
33: Poste-frontière de Bâb al Hawâ Ver detalle |
34: Poste-frontière de Djarablous Ver detalle |
35: Deir ez-Zor Ver detalle |
36: Poste-frontière d'Al Yaroubiyeh Ver detalle |
37: Poste-frontière d'At Tarif Ver detalle |
38: Poste-frontière d'Ain ad Dalbeh Ver detalle |
39: Le poste-frontière de Tall al-Abyad Ver detalle |
40: Poste-frontière d'Al Qamishly Ver detalle |
41: Poste-frontière d' Al Qa?a Ver detalle |
42: Poste-frontière d'Al Karabeh Ver detalle |
43: Poste frontière d'El Masnaa Ver detalle |
Hama, théâtre de manifestations depuis le début de la révolte, connaît un long siège en juillet 2011. Une vaste offensive de l'armée fait une centaine de morts et des dizaines de blessés, selon les militants. Barack Obama se dit alors « horrifié par l'usage qu'a fait le gouvernement syrien de la violence et de la brutalité contre son propre peuple ».
Hama, symbole de la répression, émeut la communauté internationale. D'autant que la ville a un lourd passé derrière elle. En 1980, alors que la ville se révolte, guidée par 150 officiers des frères musulmans, Hafez el-Assad donne l’ordre d’assiéger la ville et de la bombarder à l'artillerie lourde. Le nombre de victime est estimé entre 7 000 et 35 000.
Homs, avec une population de 800.000 habitants, est la troisième plus importante ville de Syrie. Pour la force de la contestation, elle est considérée comme le bastion du soulèvement contre le régime.
C'est aussi le lieu de ce qui restera comme le plus grand massacre de la guerre civile syrienne. Le 4 février 2012, plus de 230 civils, dont des dizaines de femmes et d'enfants, sont tués en une nuit. L'événement déclenche les condamnations de la communauté internationale.
Le 1er mars, l'armée prend le contrôle de Baba Amr, bastion de la rébellion à Homs, après des semaines de siège et de bombardements (700 morts), avant que des militants affirment avoir découvert dans la ville une cinquantaine de corps de femmes et d'enfants carbonisés, égorgés ou poignardés.
Mi-juillet, les combats continuent dans la ville, faisant des victimes civiles. L'armée bombardait également à nouveau Rastane, une ville voisine qui échappe au gouvernement depuis février.
Lundi 23 juillet , le porte-parole de l'Armée syrienne libre (ASL) à l'intérieur du pays, indiquait que l'armée avait déployé 60 chars sur la route entre Homs (centre), ville-symbole de la contestation, et Hama, pour déloger les rebelles.
Damas connaît ses combats les plus violents à partir du 15 juillet 2012. Dès lors, blindés et transports de troupes de l'armée se déploient dans le quartier de Midane, proche du centre. Les combats s'étendent dans les quartiers périphériques du sud, de l'ouest et de l'est, hostiles au régime alors que les rebelles affirment contrôler Midane et Tadamoun.
Le 18 juillet, quatre hauts responsables de l'appareil de Sécurité, dont le beau-frère du président Bachar al-Assad, Assef Chawkat, le ministre de la Défense, sont tués dans un attentat. Deux jours plus tard, l'armée lance une nouvelle contre-offensive et affirme avoir repris le quartier de Midane. Les quartiers nord, sud et ouest connaissent des violents affrontements ; des milliers d'habitants fuient.
Le 22 juillet, le régime, qui a envoyé ses unités d'élite selon les militants, lance une offensive contre les quartiers de Barzé (nord-est), Roukneddine (nord) et Mazzé (ouest). Les forces régulières, appuyées par des chars et des hélicoptères, prennent pied dans Barzé. Symbolique, la bataille de Damas, qui ne fait peut-être que commencer, pourrait être décisive pour les rebelles.
C'est le point de départ de la révolte : le 13 mars 2011, quinze écoliers sont arrêtés pour avoir tagué les slogans de la révolution égyptienne de 2011 sur les murs de la ville de Deraa. Un nouvel appel est lancé sur Facebook, appelant les Syriens au soulèvement à partir du 15 mars dans toutes les villes de Syrie. Le 18 mars, 80 000 personnes manifestent dans les rues et ainsi de suite... Le 23 mars, au moins 100 personnes sont tuées par les forces de l'ordre lors de manifestations selon des militants et des témoins. Les autorités imputent les heurts à un « gang armé ».
Deraa connaîtra ensuite un siège meurtrier, une longue série d'offensives entre le 25 avril et le 5 mai 2011. Il s'agit du premier grand siège d'une ville syrienne.
Si le régime garde depuis le contrôle de la ville, des manifestations continuent régulièrement d'y être organisées. Chaque semaine, les militants annoncent des morts dans leurs rangs.
Samedi 28 juillet, une semaine après l'ouverture du front à Alep, l'armée régulière a donné l'assaut contre les insurgés, retranchés dans les quartiers sud et sud-ouest de la métropole, notamment à Salaheddine. Au moins 29 personnes, dix soldats, huit rebelles et onze civils, ont été tuées depuis le début de l'assaut, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme.
Certains le comparent au jeune tunisien Mohamed Bouazizi, le vendeur ambulant qui s'était immolé par le feu en décembre 2010 et dont le suicide avait déclenché le mouvement de contestation en Tunisie. Hamza, lui, n'a que 13 ans et décide de manifester le 29 avril 2011 dans sa ville de Deraa, alors assiégée par l'armée. Le jeune écolier ne reviendra pas ; le 27 mai, ses parents reçoivent son corps sans vie.
Très vite, une vidéo de sa dépouille est postée sur Youtube. Les activistes syriens assurent qu'Hamza a été torturé, ses parties génitales mutilées. Depuis, la photo du jeune garçon orne souvent les drapeaux des manifestants, qui défilent parfois aux cris de « Nous sommes tous Hamza al-Khatib ». Il est désormais devenu un des symboles de la révolte syrienne.
Rémi Ochlik est décédé le 22 février 2012 dans le bombardement d'un appartement transformé en centre de presse improvisé par les militants à Baba Amr, bastion de la rébellion dans la ville de Homs (centre), pilonné pendant des semaines par l'armée.
A ses côtés, Marie Colvin, journaliste américaine, est également décédée. La journaliste française Edith Bouvier, 31 ans, présente lors de ce bombardement, a elle été grièvement blessée. En compagnie de William Daniels, elle est parvenue à quitter Homs et à rejoindre le Liban après un long périple.
Le 25 mai 2012, les militants dénoncent la mort de 108 personnes, dont 49 enfants et 34 femmes, dans la localité de Houla (province de Homs). Les bombardements auraient débuté à midi à la périphérie de Houla et se seraient poursuivis jusqu'au lendemain à l'aube.
Le Conseil de sécurité condamne les autorités syriennes, dénonçant « des bombardements par les chars et l'artillerie gouvernementale ». En juin, un rapport d'une Commission d'enquête de l'ONU affirme que les forces pro-Assad sont responsables.
Le 6 juin 2012 , au moins 55 personnes dont des femmes et des enfants sont tuées à Al-Koubeir, un hameau de la province de Hama, selon l'OSDH, qui, avec l'opposition, impute ce massacre aux « chabbihas » (miliciens pro-régime). Damas fait état de neuf victimes tuées par des « groupes terroristes », appellation officielle pour désigner rebelles et opposants.
Le 25 juin 2012, la défense anti-aérienne syrienne abat un avion militaire turc effectuant un vol d'entraînement au-dessus des eaux internationales. Les autorités syriennes assurent que le chasseur avait violé l'espace aérien syrien mais la Turquie dénonce un « acte hostile », prévenant que « tout élément militaire qui posera (...) un danger de sécurité à la frontière turque venant de la Syrie » sera considéré comme une cible.
Le 12 juillet, l'armée turque annonce ne pas avoir trouvé de traces d'explosifs sur son avion de chasse, provoquant une confusion et engendrant des questions sur la façon dont s'est produit l'incident. Mais selon un spécialiste, une charge anti-aérienne qui aurait explosé à proximité de l'appareil en vol aurait pu le déstabiliser et provoquer son écrasement... En attendant d'autres expertises, le mystère reste donc entier.
Le 12 juillet 2012, au moins 150 personnes, dont plusieurs dizaines de combattants rebelles meurent dans la localité de Treimsa (province de Hama) selon l'OSDH. Selon un militant anti-régime, la majorité des personnes tuées étaient des membres de l'Armée syrienne libre (ASL), force d'opposition armée, qui ont attaqué un convoi de l'armée avant d'être la cible d'une contre-attaque meurtrière.Le régime fait porter la responsabilité de la tuerie aux « groupes terroristes armés ».
L'opposition réclame au Conseil de sécurité une résolution contraignante pour mettre fin au bain de sang.
Au moins 128 personnes, dont un tambourineur du ramadan, ont péri dans les violences en Syrie le 21 juillet 2012, premier jour du jeûne pour les rebelles tandis que les autorités ont annoncé qu'il débuterait samedi, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Parmi les morts figurent 85 civils, 26 soldats et 17 rebelles.La province de Damas a payé le tribut le plus lourd avec 25 civils tués, suivie de Homs (centre) avec 15 civils tués, et de la province d'Idleb (nord-ouest) avec 12 civils tués. Dans la province méridionale de Deraa, onze civils et deux rebelles ont été tués.
La Ligue arabe, qui a exclu la Syrie de ses réunions en novembre 2011 et appelé de nombreuses fois au départ d'Assad, est officiellement opposée à toute intervention militaire extérieure, même si certains de ses membres, comme le Qatar ou l'Arabie Saoudite, fournissent des armes à l'opposition syrienne.
Réuni en urgence en juillet 2012 à Doha, le comité ministériel de la ligue arabe chargé de la question syrienne (Qatar, Arabie saoudite, Oman, Égypte, Soudan, Algérie, Irak, Koweït), a promis une énième fois à Bachar el-Assad une sortie « sûre » s'il acceptait de quitter le pouvoir.
En parallèle, le comité a invité l'opposition à former un gouvernement d'union nationale. La ligue vient d'allouer 100 millions de dollars aux réfugiés syriens par la Ligue, qui prône également la création de couloirs humanitaires.
Depuis le début de larévolte en mars 2011, le président syrien s'est fait très discretdans ses apparitions. Adoptant systématiquement une postureconspirationniste, il a évoqué en juin dernier une « véritableguerre menée de l'étranger » et assimile régulièrement larébellion a du « terrorisme », pour justifier larépression menée par l'armée, dernier pilier du régime.
Lespremiers mois de la crise ont pourtant été marqués par une volontéde contenir la colère du peuple. Promettant de nombreuses réformessociales ainsi qu'une lutte plus efficace contre la corruption, Assada levé dès avril 2011 l'état d'urgence, en vigueur depuis 1963,tout en libérant à plusieurs reprises les prisonniers de larévolution, en mai et en juin. Mais les exactions menées parl'armée contre la population civile n'ont fait qu'attiser la colèredu peuple, et Bachar al-Assad s'est peu à peu isolé de lacommunauté internationale, notamment en ne respectant aucune de sespromesses vis-à-vis de la ligue arabe et de l'ONU.
L'attentatdu 17 juillet 2012 à Damas, dans lequel son beau-frère à trouvéla mort ainsi que de haut-responsables du régime, marque pourbeaucoup le « début de la fin » pour Bachar al-Assad.Des rumeurs le donnent en fuite dans une ville de province quandd'autres le disent toujours aux commandes du régime à Damas.Plusieurs sources diplomatiques le soupçonnent de préparer unepartition du pays en pratiquant un véritable nettoyage ethniquecontre les sunnites à l'ouest afin de pouvoir s'y replier avec sonclan et de créer une sorte d’État alaouite dans l’État syrien.
L'oppositionsyrienne est double. Militaire d'abord avec la création le 1er août2011 par Riyad Al-Asaad, un colonel déserteur, de l’Arméesyrienne libre (ASL), pour lutter contre les forces du régime.
Cetteorganisation peut compter sur le soutien de ses voisins turcs etlibanais et surtout de la manne financière du Qatar et de l’Arabiesaoudite. Ce « parrainage » se traduit notamment par lafourniture d’armes sophistiquées. A noter que la Franceparticipe également à ce soutien international : Paris s’est engagé à livrerdes moyens de transmission ultramodernes et sécurisés à l’ASL.
Surle plan politique, des opposants ont crée le 23 août le Conseilnational syrien à Istanbul pour coordonner la lutte politique contrele régime. Il regroupe plusieurs membres d'opposants comme lesFrères musulmans, des libéraux mais aussi des partis kurdes etassyriens. Composé de 190 membres, le Conseil est présidé parAbdel Basset Sayda. La France reconnaît le CNS comme « interlocuteurlégitime » depuis le 23 novembre 2011 (et comme « représentantlégal » du peuple syrien depuis le 24 février 2012).
Le 29 novembre 2011,l'Armée syrienne libre (ASL) a reconnu l'autorité du Conseilnational syrien (CNS), qui, depuis avril 2012, verse des salaires auxcombattants de l'ASL.
Le 24 juillet 2012, le régime syrien reconnaît pour la première fois posséder des armes chimiques et menace de les utiliser en cas d'intervention militaire occidentale, mais jamais contre sa population. Les rebelles annoncent que ces composants chimiques viennent d'être transférés vers des aéroports à la frontière.
La réaction de Washington est immédiate et Barack Obama rappelle à Assad et son entourage « que le monde les regarde, et qu'ils devront rendre des comptes devant la communauté internationale et les Etats-Unis si jamais ils faisaient l'erreur tragique de les utiliser ».
Les rebelles ont annoncé jeudi 17 juillet contrôler le passage frontalier entre la Syrie et la Turquie situé à Djarablous. Cette ville, qui compte environ 25.000 habitants, un lieu de passage vers la Turquie. La Turquie a fermé la frontière de son côté, à Karkamis.
Moins exposée que les villes de Homs ou de Hama, la région de Deir ez-Zor reste le théâtre d'affrontements. En avril 2012, plusieurs civils sont morts dans les combats entre le régime et rebelles.
Le poste-frontière de Rabiyah est encore aux mains de l'armée syrienne mais les routes qui y mènent sont aux mains de l'armée syrienne libre.
L'armée syrienne tient encore ce poste-frontière, malgré les attaques des rebelles. Du côté iraquien, les gardes ont l'ordre de ne pas laisser passer de réfugiés syriens, l'Iraq faisant déjà face au retour de dizaines de milliers de ressortissants réfugiés...en Syrie.
Le poste frontière, situé près de Kassab, face à Yayladagi en Turquie, continue pour le moment de fonctionner normalement, même si son activité est extrêmement réduite en raison des violences en Syrie.
Le poste-frontière de Tall al-Abyad, face Akçakale en Turquie, continue de fonctionner au ralenti, en raisons des violences. C'est l'un des deux postes frontières avec la Turquie encore ouverts.
Pas moins de 30.000 réfugiés syriens ont franchi le 20 juillet ce poste-frontière, le plus proche de Damas, où les combats faisaient rage.